La traversée vers le Cap Vert et Mindelo
- shanghaijess
- 21 déc. 2019
- 5 min de lecture

A l’heure où j’écris ces mots, je suis aux Antilles tranquillement installée dans le mouillage de Marigot Bay à Sainte Lucie et cette traversée me parait déjà très loin ! Plus d’un mois déjà !
Après avoir passé deux semaines à Las Palmas, dont une semaine à découvrir l’ARC+, nous sommes donc partis pour Mindelo sur l'île de Saint Vincent, au Cap Vert, c’était le 11 novembre 2019.
La traversée s’annonçait très mal : tout était rouge sur les fichiers météo, c’est-à-dire vagues entre 3 et 4 mètres et vent jusqu’à 35 nœuds en rafale… Autant vous dire que si nous étions seuls, nous ne serions jamais partis dans ces conditions. Mais nous étions avec l’ARC et la date était arrêtée et ils n’ont pas jugé les conditions suffisamment mauvaises pour retarder le départ.
Nous avons donc eu un briefing très rassurant de Chris Tibbs (un vétéran de l'ARC qui a fait 28 traversées!) qui bien qu’il nous ait prévenu que la traversée serait « rapide », avait l’air somme toute très confiant… Du coup, ça nous a beaucoup rassuré Alex et moi, on s’est dit qu’il ne fallait pas en faire tout un fromage et qu’en suivant bien les instructions de Chris, tout allait bien se passer… Et bien, on ne se doutait pas ce qui nous attendait !


Nous sortons du port à l’heure du départ, alors que les autres bateaux ont déjà passé la fameuse ligne car nous voulions éviter la cohue. A peine sortis du port, nous sommes accueillis par des vagues gigantesques…. C’est moi qui suis à la barre, et j’ai à peine le temps de dire à Alex « mais elles sont super grosses les vagues là, non ???? » que je commence déjà à me sentir mal… Deux semaines que nous sommes au port et je ne suis donc plus amarinée… Au bout de 30 min, je rends les armes et dois m’allonger avec un médicament tellement nous sommes secoués… Les vagues sont tout simplement gigantesques, autant vous dire que des vagues de 3 – 4 mètres ressemblent à des murs d’eau. Je suis complètement terrifiée, je n’ai jamais vu des vagues aussi hautes, j’ai l’impression qu’elles vont nous engloutir. D’ailleurs, je n’arrête pas de dire à Alex « tu as vu les montagnes ?!! » au lieu de dire les vagues… Lapsus révélateur !
Je vais rester allongée avec les yeux fermés pour ne plus voir ces montagnes liquides pendant un jour et une nuit. Les conditions ayant perduré pendant la nuit, aucun de nous deux n’a d’ailleurs fermé l’œil… On est tous les deux restés dehors à veiller. Heureusement, nous avions préparé notre voile de gros temps, notre trinquette chérie, qui est neuve et très rigide et nous a permis de passer la nuit sans problème. Nous l’avons mise seule, sans grand-voile et elle a été super, c’est un peu comme être à mobylette, elle est super pratique et rend le bateau très maniable et réactif. Grâce à elle, nous avons gagné pleins de places et nous sommes positionnés en milieu de classement.
Le deuxième jour, les conditions se calment un peu mais restent toujours difficiles. Je commence à reprendre du poil de la bête à la fin de cette deuxième journée, mais ce n’est toujours pas la grande forme. Les jours suivants, le temps continue à se calmer progressivement. La mer reste cependant assez agitée et nous avons notamment des vagues croisées qui font giter le bateau sans arrêt et dans tous les sens. On garde également des vagues d’environ 3 mètres, mais on finit par ne plus y faire trop attention ! C’est malgré tout extrêmement inconfortable. En plus, nous perdons très rapidement notre avance pour finir dans les derniers du classement. Notre petit bateau et notre navigation prudente ne font pas le poids face aux mastodontes de l’ARC+… La plupart des bateaux font plus de 45 pieds et vont beaucoup plus vite que nous. Cela nous déprime un peu mais pas longtemps. Nous revoyons notre itinéraire mais restons très prudents malgré tout. On se maintient pour finir dans les quatre ou cinq derniers bateaux. (Nous serons finalement 7e en partant de la fin après application des ratings.)
Pour ma part, je n’ai pris aucun plaisir à cette traversée qui fut placée sous le signe de la grisaille et de l’inconfort . Nous avions en effet droit à quelques rayons de soleil dans la matinée mais sinon la grande majorité de la journée se déroulait sous un ciel couvert et gris. La grisaille restera avec nous jusqu’à l’arrivée à Mindelo où un grand ciel bleu nous attend. Nous voilà enfin arrivés après un peu moins de 7 jours d'une navigation difficile et éprouvante.


Quelle ne fut pas notre joie lorsqu’enfin nous avons aperçu le rocher devant Mindelo qui marque la ligne d’arrivée ! Nous contactons l’ARC et nous retrouvons Marc qui fait partie du staff qui nous accueille et nous conduit à notre place de port. Le port de Mindelo est magnifique, l’eau est d’un turquoise profond et il offre une vue à 360 degrés sur la ville d’un côté et de l’autre sur les montagnes arides de Saint Vincent de l’autre.
A peine installés, nous entendons de grands cris… Nous sortons du bateau et nous voyons Agnès et Patrick, nos amis d’Arsouilles, rencontrés aux Canaries ! Ils nous accueillent à grands cris en nous félicitant ! Ce comité d’accueil nous fait tellement plaisir que nous sortons illico du bateau et leur proposons d’aller un verre au célèbre bar flottant du port de Mindelo. C’est le lieu de rendez-vous de tout le port, il est sans arrêt plein à craquer et il est souvent difficile d’y trouver une place pour s’assoir.
Après une bonne douche bien méritée, nous partons à la découverte de Mindelo et notre premier arrêt est le restaurant situé juste en face du port, le Club Nautico. Nous rentrons dans la cour et nous tombons sur Marc et Rosa, un autre couple de français qui font également partis de l’ARC+. Et nous voilà repartis pour plus d’une heure de discussion sur nos traversées et nos expériences respectives ! Il n’y a pas à dire, c’est vraiment génial de pouvoir échanger avec les autres sur ce que nous avons vécu.
Nous nous régalons de la Cachoupa, le plat national capverdien. C’est tout simplement un régal et exactement ce qui nous fallait : une sorte de potée de légumes et de viande, non seulement délicieux mais roboratif qui nous comble après avoir assez mal mangé sur le bateau pendant une semaine (il faut dire que je ne pouvais pas avaler grand-chose).
Nous nous promenons ensuite dans Mindelo qui est une petite ville animée et colorée. On apprécie les belles maisons de type colonial de toutes les couleurs, et ses habitants qui sont très sympathiques (et qui parlent tous anglais et français !). On se promène dans le marché central et dans son petit parc agréable et ombragé. Un peu plus loin, nous tombons sur une plage sublime, où l’eau est d’un bleu intense. Des lycéens font du sport sur la plage mais sinon peu de gens se baignent, l’eau étant froide. Nous nous arrêtons dans un restaurant de plage et nous profitons de la vue en sirotant un cocktail.
L’ARC a organisé une visite en bus de l’île de Saint Vincent. Cela nous permet de découvrir les paysages torturés de cette île très aride où rien ne semble pousser à part en haut de montagnes où il fait plus frais et il pleut plus souvent. C’est très beau mais il se dégage une certaine impression de désolation qui fait mal au cœur, il y a de nombreuses maisons et plantations abandonnées un peu partout le long des routes, surement à cause de la sêcheresse.
Nous ne passons que 4 jours à Mindelo, à nous requinquer mais aussi à préparer le bateau pour la prochaine traversée… Ce furent 4 jours vraiment agréables et on regrette ce délais aussi court. On aurait vraiment aimé avoir le temps de visiter les autres îles du Cap Vert qui sont apparemment très différentes les unes des autres.











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