A l'heure où j'écris ces mots, je suis dans mon salon, de retour à la vie parisienne, au béton et aux bruits des voitures dans la rue qui passe devant chez moi... Le retour est un peu brutal bien qu'on s'y prépare pourtant depuis longtemps. Je me suis dis que je ne pouvais pas achever ce récit sans parler de nos dernières semaines de navigation.
Le programme à l'origine était de récupérer Télémaque à Palma, et de passer un mois dans les Baléares, avant de reprendre notre route vers Port Camargue, notre port d'attache. Avec le Covid 19, tout ça est tombé à l'eau bien évidemment !
Ramener le bateau en France
Après avoir mis Télé sur le cargo, fin avril, nous sommes montés dans un avion direction Paris. Nous étions en bonne compagnie car Atséna et Arsouille ont également embarqué avec nous après avoir eux-aussi mis leurs bateaux sur un cargo.
Nous avons passé ensuite passé cinq semaines confinés chez nos parents. Cinq semaines assez compliquées à se demander si nous allions pouvoir récupérer notre bateau, qui devait être débarqué en Espagne. Les frontières entre les pays étant fermées, nous ne pouvions pas aller le chercher nous-mêmes.
Nous avons passé des heures et des heures à envoyer des mails aux différents consulats de France en Espagne (il y en a 3!), à l'ambassade d'Espagne en France, à la préfecture maritime, au Cross... Nous n'avions aucune d'idée de la date à laquelle les frontières ré-ouvriraient mais nous n'avions pas l'intention d'attendre le mois de juillet (date la plus probable) et donc finir notre voyage sans notre bateau !
Ca a été un vrai casse-tête et nous n'avons pas été du tout aidés par ces administrations qui nous faisaient des réponses complètement à côté de la plaque en nous disant de nous référer à tel ou tel article. Seul le Cross nous a fait une réponse à peu près claire, nous disant que si le bateau était sous pavillon français, il avait le droit de revenir à son port d'attache en France.
Grâce à ça, nous avons donc pu faire appel à un skipper espagnol qui nous a ramené le bateau jusqu'à Port Vendres, pas loin de la frontière espagnole. Ensuite, il a pu prendre un taxi jusqu'en Portbou, et nous, nous avons enfin pu retrouver notre bateau après cinq semaines d'attente !
Nous étions fin mai, et il ne nous restait à présent plus que trois semaines pour finir notre voyage en remontant tranquillement la côte du Languedoc-Roussillon, que nous avions descendue à l'aller, histoire de boucler la boucle !
Retour aux sources !
Nous avons passé trois semaines vraiment très agréables car nous avions le temps et le soleil était au rendez-vous !
Nous nous sommes arrêtés aux mêmes ports qu'à l'aller. D'abord Port Vendres avec sa promenade littorale très sympa vers Collioure, puis Gruissan, le Cap d'Agde très rapidement pour dire bonjour à Atséna, et enfin Sète et l'étang de Thau.
Comme nous avions beaucoup de temps, nous en avons profité pour découvrir les environs ce qui n'avait pas été possible à l'aller. Nous avons fait de belles balades à vélo autour des étangs de Gruissan, voir les marais salants et la plage des Chalets.
Lorsque nous sommes arrivés à Sète, les restaurants venaient de ré-ouvrir et nous avons pu retrouver les adresses que nous aimions bien comme l'apéro devant le marché des Halles. Nous avons aussi fait une grande sortie en vélo jusqu'à Bouzigues.
Nous avons ensuite retrouvé le chantier Bilbo sur l'étang de Thau, où nous ne sommes arrêtés quelques jours pour caréner le bateau.
Ca a aussi été l'occasion de revoir nos familles qui vivent dans le sud. Ils nous avaient vus partir il y a presque un an et ils nous ont ainsi vus revenir !
Port Camargue
Et ensuite ce fut l'arrivée à Port Camargue, notre port de départ, celui où nous avions acheté Télémaque. Après avoir passé du temps à s'occuper de sa coque, nous avons pris quelques jours pour bien le ranger, avant d'appeler le broker qui nous l'avait vendu ! Et oui, car nous mettons Télémaque en vente.
Pour nous, il a toujours été clair que nous vendrions le bateau à la fin de ce voyage, car financièrement ce n'est pas possible de garder un bateau de cette taille, que nous trouvons de plus un peu trop importante pour naviguer à deux. Certes un 36 pieds, ce n'est pas "gros" (dans les Antilles, c'est même carrément petit !), mais ça reste un peu trop imposant à notre goût... Surtout pour les manoeuvres de port !
Nos projets
Cependant il n'est pas question pour nous d'arrêter la navigation ! Notre envie dans un avenir proche est de racheter un bateau plus petit (7 ou 8 mètres) et plus adapté à nos envies avec un petit tirant d'eau, et de naviguer en Atlantique. Non seulement c'est beaucoup plus facile d'accès pour nous depuis la région parisienne, et puis c'est un endroit qu'on connait très mal et qu'on a envie de découvrir.Â
D'ici là , nous comptons bien profiter encore de notre petit Télé, auquel forcément on s'est énormément attaché, on a quand même passé une année de dingue avec lui, compagnon toujours fiable et fidèle au poste !
Voilà , en conclusion, je peux dire que ce voyage fou est fini. La boucle est donc bouclée, même si ce fut en cargo et non pas en transat retour ! C'est assez incroyable de se dire aujourd'hui, qu'on a passé un an sur un bateau et qu'on a navigué jusqu'aux Antilles avec, alors qu'on ne savait même pas faire de voile il y a trois ans... Pour ma part, je n'étais même jamais montée sur un voilier...!
Le Covid aura amené son grain de sel perturbateur dans notre aventure, et même si avec le recul tout s'est finalement bien terminé, je regrette de ne pas avoir pu l'achever dans les mouillages paradisiaques des Baléares dont tout le monde nous avait tant parlé.Â
Aujourd'hui on n'imagine plus nos vies sans bateau et sans croisière et on espère bien pouvoir remettre ça un jour ou l'autre, dans un avenir pas trop lointain (on l'espère du moins)!
